Un très bon moment de lecture pour amateurs de fantasy élégante
Impossible de parler de L’étoile de Lowilo sans mentionner en premier lieu le style d’écriture de l’auteure. Déborah Perez est une orfèvre de la langue française. Ses mots sont choisis, ses phrases travaillées, ciselées jusqu’au moindre détail. Souvent, chaque terme a son importance, conférant au texte une densité qui surprend de prime abord. Il arrive que l’on doive relire une phrase pour en saisir toutes les informations. Si cette langue riche demande une attention soutenue au départ, on se fait à sa musique et on devient alors plus réceptif à l’action et aux ambiances décrites. Telle une architecte, l’auteure élabore des décors somptueux et minutieusement détaillés. On découvre le palais de l’extérieur par ses escaliers interminables, ses vasques enflammées et ses fontaines mystérieuses, puis on contemple l’intérieur à travers les couloirs et les salles riches de détails. Déborah Perez voue une véritable passion aux objets. Ils sont décrits avec une telle minutie qu’ils prennent corps dans l’esprit du lecteur. Parfois, les objets volent même la vedette aux humains en devenant les sujets des phrases : « Pendus aux crémaillères, les chaudrons s’autorisent seulement à exhaler les senteurs d’un repas funèbre », « Les armes de trois sentinelles, pointes en avant, entravent subitement l’avancée du palefrenier ». L’intrigue est originale et bien menée. Un début de roman plutôt descriptif et assez lent nous mène à un dénouement d’un rythme plus soutenu et passionnant. Je regrette cependant l’une des méthodes choisies pour créer le suspense : la rétention d’informations de la part du narrateur. Par exemple, Owen, personnage de point de vue, mentionne le Lo’El et le Vieux. Lui, tout comme plusieurs autres personnages savent de quoi ou qui il s’agit, mais le lecteur est laissé dans l’ignorance jusqu’au tiers du roman, ce qui résulte en une certaine frustration et une impression de se faire mener par le bout du nez. Les personnages sont divers et bien campés. Si je ne me suis pas immédiatement attachée à Owen, le héros, probablement à cause de sa désinvolture face à des événements graves, j’ai trouvé le personnage de la pirate Sowé Lisander plus passionnant. Les personnages féminins du roman sont globalement plus profonds que leurs homologues masculins. La fin du premier tome laisse pourtant présager un développement intéressant du personnage d’Owen qui gagne en substance au fil des pages. Le deuxième tome lui donnera vraisemblablement une réelle carrure de héros. En résumé, la plume raffinée de Déborah Perez offrira un très bon moment de lecture aux amateurs de fantasy élégante. L’aventure en Terre d’Or se révèle féérique et envoûtante et la fin du premier tome vous laisse bouleversé(e) et impatient(e) de connaître la suite.