Je me souviens de mes premiers mots
Je me souviens des premiers mots, ceux chargés du pouvoir de l’émotion. Dans la pudeur de ma tristesse, j’avais trouvé le moyen d’exprimer la douleur en silence, sans éclabousser mon entourage. Ce fut mon premier contact véritable avec l’écriture, celui qui vibre et dont l’intensité ne faiblit pas au fil du temps. L’autre facette de mon approche se reflétait dans les lectures composées de littératures classiques, de fictions contemporaines ou de romans historiques, leur point commun était la faculté de m’entraîner dans leur univers. Grâce à eux, je pouvais suivre de folles aventures, faire des sauts dans le temps et vivre de l’empathie à travers des personnages savamment construits.
Longtemps, je caressais l’envie d’avoir un peu de cette magie pour la partager. Sans chercher à être publiée, pour le plaisir, j’écrivais juste pour tenter de comprendre comment un crayon se transforme en baguette magique. D’ailleurs, par la suite, le genre littéraire qui a trouvé mes faveurs n’est pas un choix du hasard. La fantasy possède une richesse inépuisable, à travers elle, je peux façonner un monde avec ses croyances, ses paysages et ses codes.
Je convie les lecteurs à sortir d’une réalité pour les entraîner vers l’inconnu. Comme moi, ils deviennent des explorateurs de l’imaginaire, ensemble, nous partageons ce voyage. Pour composer cette aventure, la charge émotive est indispensable. Dans un univers où tout est différent, elle est le seul repère auquel l’invité peut s’identifier et s’attacher aux personnages. Surtout, je peux apporter une touche d’enchantement qui manque tant aux jours huilés de routines.
Pour l’auteur, l’écriture est un pont entre le réel et la fiction, en dessous, la rivière de l’inspiration coule d’un courant plus ou moins fort. Je vais d’une rive à l’autre pour construire mon œuvre ; pour le lecteur, le livre est une porte qui permet de franchir le seuil de l’imaginaire. Quand j’écris, je me sens responsable de la transmission de l’histoire. Comment dois-je le faire ?
Quel est le message à donner ? Lors de la publication de mon premier roman, j’étais inquiète. J’avais l’impression de me dévoiler et d’être installée sur des gondoles à la merci d’un public. L’image peut paraître idiote, mais l’écriture est quelque chose de très intime. Je ne viens pas d’un milieu littéraire et j’avais tout à découvrir. Au fil du temps, malgré ma petite expérience, j’ai compris que le livre ne m’appartient plus. Il vit sa propre aventure et je dois accepter de lâcher ma création, parce qu’après tout, je l’ai offerte.
C’est seulement de cette façon que le merveilleux peut faire son œuvre dans l’imaginaire des lecteurs. J’achève donc le deuxième tome de l’Étoile de Lowilo d’une façon totalement différente, l’esprit libéré d’un tas de questions parasites. Toutefois, je garde toujours l’envie sincère d’avoir une baguette magique à la place d’un crayon et j’espère aussi enchanter les lecteurs de mes lignes.