De l'écriture à la promotion : Meet the... editeur
Le temps est radieux et la chaleur est au rendez-vous. Ce jeudi 30 mars, les frimas de l'hiver me paraissent être de lointains souvenirs, les prémices du printemps prennent des airs de veillées estivales. Je file vers Genève sur une autoroute qui n'est pas encore gorgée des retours d'une journée chômée. Après de petits tracas de circulation citadine, quelques pas pressés dans la rue de Fribourg me portent vers la fameuse Librairie de L'Olivier. Je pousse la porte et je découvre un espace agréable inondé par le sourire accueillant de l'hôte, Monsieur Alain Bittar. Il m'indique le lieu dédié à la première rencontre qui attisait ma curiosité. Plus tard dans la soirée, il présentera les mets raffinés riches des senteurs orientales qui raviront nos papilles. Quelle chance d'être ici ! Je savoure ce moment tout en me délectant des détails.
La salle est vaste, les murs sont ornés de créations colorées, au centre, une grande table agrémentée de cartons nominatifs. Une poignée de minutes s'écoule avant le début de l'ouverture du programme « de l'écriture à la promotion ». On se salue cordialement et mon regard dérive vers les noms soigneusement inscrits sur les plaquettes pour identifier chaque visage. Delphine Hayim, chargée de projets culturels et surtout notre guide pour cette aventure, veille à ce chacun soit à l'aise et possède tout le nécessaire pour l'échange baptisé « Meet... the editrices ».
À présent, toutes les âmes amoureuses de lettres et des mots sont réunies, Isabelle Falconnier prend la parole, journaliste et critique littéraire suisse, elle est aussi la présidente du Salon du livre de Genève. Les phrases précises et la fluidité de sa présentation nous invitent à découvrir Adeline Beaux, directrice du même salon, et Delphine Hayim. Elle dresse ensuite les portraits de deux femmes éditrices et entrepreneuses, à la tête de célèbres maisons suisses. Ce sont elles qui répondront à nos interrogations. Nouvelle auteure plus habituée aux antiquités qu'aux questions éditoriales, je perçois leur univers tel un chaton, j'ouvre mes oreilles et je les observe attentivement.
L'année 2011 les place comme directrices, Sophie Rossier dirige les éditions Favre, sa consoeur, Caroline Coutau, les éditions Zoé. Elles sont élégantes, bienveillantes et surtout passionnées par leur métier. Le professionnalisme se mélange à la force féminine. Elles sont semblables à des mères de lettres pour leurs auteurs qu'elles orientent et poussent à être authentiques dans la création. Elles nous parlent également de leurs coups de coeur et de l'envie qu'elles ont d'enhardir ceux pour qui elles misent et prennent aussi des risques. Les questions et les mots s'envolent dans la salle de l'Olivier, c'est une belle histoire composée de courage, d'efforts et de ténacité qui se dévoilent où parfois le point pécuniaire reste incontournable. L'univers éditorial est un monde complexe dans lequel la multitude doit exister avec le succès des uns et la déception des autres.
Décrocher un contrat d'édition est comme obtenir le Graal, c'est une joie immense qui peut cependant réserver son lot de désillusions. Car, elles nous le font comprendre, à sa sortie, le livre n'est qu'un nourrisson ; les contacts, les démarches, la patience et la confiance de l'auteur forment le terreau de sa croissance. Après la solitude de la création, les heures écoulées avec ses personnages ou ses souvenirs, l'écrivain va devoir affronter une réalité différente. Il doit bien saisir qu'il a deux rôles à jouer, le premier indispensable, celui de l'écriture, et le deuxième, tout aussi important, celui de la représentation auprès des libraires, de la presse, des manifestations littéraires, etc. Je savoure davantage ma chance d'être ici et d'avoir été publiée, je suis riche de quelques petites clés offertes pour ouvrir de nouvelles inspirations.
Le temps est venu de longer le Léman pour rejoindre Lausanne. La nuit est tombée, la lumière artificielle donne une aura orangée à la ville pas encore endormie. Mes idées fourmillent comme autant de passants. Je réfléchis tout en marchant, je me remémore leurs mots dans un coin de mon esprit positivement nourri de cet échange. Nous sommes dix auteurs à participer à ce programme, avec notre univers, notre parcours et ce besoin de créer. Le point de convergence qui nous a réunis, c'est l'envie d'exister par nos lignes et comme cette première rencontre, ce n'est que le début d'une autre histoire à écrire.
Crédits photo : Salon du Livre/Pierre Albouy