De l'écriture à la promotion : rencontre au Salon du livre de Genève autour du thème de la média
La créativité est une magie inépuisable qui enchante les esprits et illumine les âmes. Elle ravit les émotions des observateurs, elle capture leurs impressions pour le rêve ou le frisson. Elle s’exprime de bien des façons et parfois, un événement particulier la met en lumière pour lequel la foule se presse, enthousiaste de partir en quête. C’est ainsi que je me jette dans le majestueux chaudron du Salon du livre, ce vendredi 28 avril pour honorer le deuxième échange organisé par La Fondation pour l’Ecrit. Mon regard se perd dans l’immensité du lieu, je m'immerge avec plaisir dans la formidable énergie dégagée par l’ivresse des mots et des images. Car il s’agit bien de lettres et d’art partagés dans ses multiples formes, sujets et cultures qui s’offrent aux visiteurs curieux, avides de découvertes et de rencontres.
La rencontre est un moment important, l’auteur ne peut guère lui échapper. C’est d’ailleurs le point soulevé à plusieurs reprises par les intervenants lors de ce jour particulier. Mélanie Chappuis, auteure reconnue, possède la grâce d’une muse. Sa voix douce me transporte vers son chemin rempli d’expériences, le long duquel le courage, la joie et l’art s’entrelacent dans sa danse créative ; le théâtre, la musique sont autant de vecteurs pour mettre en lumière un texte et lui apporter un relief différent. En face, Philippe Duvanel, directeur de Delémont’BD et programmateur de la scène de la BD du salon, a le sourire accroché aux lèvres et la passion aux yeux. Son énergie me touche et m’inspire. Il nous parle des images comme support des mots et de la valeur du partage. Le chiffre d’affaires est certes toujours pas loin comme un ogre un peu grincheux, soucieux de la rentabilité, seulement, à part les vedettes de l'ère actuelle, la plupart des amoureux de la plume ne couvrent pas le coût de leur déplacement. En revanche, ils repartent riches d’échanges avec les lecteurs et forts de nouvelles expériences pour leur travail.
Certains pourraient bien penser que l’écriture est un art bien ingrat. L’auteur reste seul, coupé du monde, immergé dans son univers, à s’épuiser dans l’inspiration ou souffrir de la feuille blanche dans le silence de son angoisse. Et quand vient le fameux moment, à part les élus de la presse, les ventes le gratifient seulement de quelques sommes qui ne lui permettent pas de vivre de sa passion. Finalement, est-ce bien le but premier d'une telle aventure ? Lorsque des lignes vous emprisonnent jusqu'au petit matin ou que les mots remuent votre coeur pour le faire vibrer de colère ou de rire, quand les lettres arrachent impitoyablement vos larmes ; n’est-ce pas la réussite de l’auteur qu’il soit en tête des ventes ou inconnu ?
À la manière d'une bonne fée, Fabienne Althaus Humerose se penche vers le public adolescent avec bienveillance. Elle est la présidente du prix « Le Roman des Romands », elle nous montre l’autre facette incontournable du monde littéraire : le public qu'elle chérit d'ailleurs davantage que les écrivains. Celui-ci peut facilement se laisser tenter par les réclames alléchantes du dernier livre de la star du moment ou plus prudente, l’éducation scolaire se dirige vers les valeurs sûres des classiques. Toutefois, qu’en est-il des auteurs contemporains peu connus ? Surtout, elle veut mettre en avant la force de l’émotion vécue par les lecteurs, finalement, c’est elle, la reine de tout. Ce prix couronne le choix du coeur qui tambourine de plaisir à chaque page tournée et nous invite à nous questionner.
Le point commun de ces trois personnalités nous démontre que l'entièreté de la créativité est essentielle pour qu'une oeuvre existe. C'est un échange avec l’autre, à son jugement terrible ou gratifiant auquel l’auteur s’abandonne. L’écriture est un acte de partage, un don de soi à travers les mots liés dans le silence d’un esprit, le chant d’un clavier ou les murmures d’une plume. Arrive alors le temps de la naissance du livre offert au public, c’est là que l’auteur doit être entreprenant et séduire par son audace créative. Comme une preuve à cet entretien, l’écrin du Salon du livre s’ouvre à ma curiosité et je m’enivre de toutes ces présences qui vibrent d’une même passion : la création.